En soins palliatifs, nous reconnaissons que la famille est l’« unité de soins » et que le suivi de deuil fait partie intégrante des soins que nous offrons. Nous devons donc élaborer un programme de soins palliatifs complet qui comprend la prestation de services de suivi de deuil à la famille après le décès. Il est généralement reconnu que le deuil est une réaction normale à la perte d’un être cher, et la plupart des gens traversent assez bien cette période sans intervention externe. On constate aussi que du soutien général et des interventions simples, comme offrir de l’information sur les réactions courantes au deuil, sont fort utiles aux personnes endeuillées[1].
Un faible pourcentage des gens ont toutefois besoin d’un suivi et d’interventions supplémentaires, en particulier dans les cas de deuil complexes. Durant la période de soins précédant la mort, les prestataires de soins peuvent utiliser un instrument d’évaluation des risques associés au deuil comme le Bereavement Risk Assessment Tool (BRAT) mis au point par la Victoria Hospice Society[2]. Un instrument comme le BRAT permet aux intervenants d’évaluer de façon concrète et efficace de quelle façon chaque membre de la famille réagit au deuil, de dépister les facteurs personnels, sociaux, émotifs et spirituels qui risquent d’affecter certaines personnes après la mort d’un être cher et d’assurer un suivi et un accompagnement psychologique supplémentaires après des personnes qui en ont besoin.
Voici quelques considérations qui pourraient guider la prise de décision et l’élaboration de programmes de votre communauté de praticiens :
- L’équipe soignante utilisera-t-elle un instrument d’évaluation des risques associés au deuil durant la période de soins précédant le décès?
- Au moment du décès, offrirez-vous un document d’information de base aux membres de la famille? Il peut s’agir d’un aperçu de ce à quoi les membres de la famille peuvent s’attendre durant la période de deuil, de ressources supplémentaires (p. ex. le Portail canadien en soins palliatifs) et de numéros de personnes ou d’organismes à contacter pour obtenir plus d’information, de soutien ou d’accompagnement psychologique. Ce document sera-t-il offert à la famille au moment du décès ou posté avec une carte de condoléances un peu plus tard?
- Êtes-vous en mesure de trouver, de former et de sensibiliser des bénévoles en soins palliatifs qui pourraient offrir un suivi de deuil (envois postaux, suivis téléphoniques, etc.)? Nous avons constaté que les personnes endeuillées demandent souvent de l’aide supplémentaire ou en profitent le plus environ trois mois après le décès, une fois que la perte devient concrète et que l’entourage (famille, amis, collègues de travail, etc.) est passé à autre chose et s’attend à ce qu’elles soient « rétablies ».
- Si une personne a besoin d’accompagnement psychologique ou d’une intervention supplémentaire, votre programme peut-il l’orienter vers d’autres ressources (psychologue du centre de cancérologie, programme d’aide aux employés, travailleur social en milieu hospitalier ou en pratique privée, membre du clergé ou fournisseur de soins spirituels, ligne téléphonique d’accompagnement psychologique pour personnes en situation de crise, etc.)?
Si vous voulez offrir un nouveau service, il est souvent préférable de commencer par une formule simple et réaliste qui s’enrichira avec le temps.
Voir aussi : Surmonter le deuil et Quand le deuil assombrit les célébrations : combler le vide
Références
1. Victoria Hospice Society & Cairns M, Thompson M & Wainwright W. Transitions in Dying and Bereavement: A Psychosocial Guide for Hospice and Palliative Care. Health Professionals Press: 2003.
2. http://www.virtualhospice.ca/fr_CA/Main+Site+Navigation/Home/For+Professionals/For+Professionals/Tools+for+Practice/Grief+and+bereavement/Bereavement+Risk+Assessment+Tool+(BRAT).aspx
3. http://www.virtualhospice.ca/en_US/Main+Site+Navigation/Home/For+Professionals/For+Professionals/Tools+for+Practice/Communication/Companioning+the+Bereaved_+A+Soulful+Guide+for+Caregivers.aspx