La détresse morale est une lourde préoccupation d’ordre éthique pour les individus comme pour les organisations. Certains la décrivent comme un « compromis éthique » ou comme une atteinte à l’intégrité d’une personne qui a participé à une pratique qu’elle juge préjudiciable ou indigne, ou qui n’a pas pu en empêcher l’application.
La détresse morale peut toucher les membres de l’équipe soignante qui ne sont pas d’accord avec ce qui constitue « les normes acceptables de soins professionnels ». Ainsi, les membres de l’équipe à qui l’on demande de fournir des soins qu’ils jugent incompatibles avec leur vision de ces normes ou contraires au cadre éthique dans lequel ils situent le cas risquent d’éprouver de la détresse morale ou le sentiment que leur intégrité morale est compromise.
La détresse morale peut aussi être causée par nos propres manquements. Ce serait le cas par exemple si nous décidions de faire ou de ne pas faire une chose pour une raison donnée, soit que nous n’avons pas le temps, que nous ne voulons pas faire d’histoires ou que nous ne voulons pas gâcher nos relations avec les collègues, même en sachant que notre action (ou inaction) est inappropriée. L’équipe a peut-être des raisons qui influent sur notre décision, mais la décision d’agir (ou de ne pas agir) reste la nôtre.
Il importe d’être conscient du risque de détresse morale. Il faut en outre que l’équipe de soins connaisse les ressources mises à sa disposition et la façon de s’en prévaloir. Elle aura intérêt à solliciter au besoin l’avis de spécialistes de l’éthique et des soins palliatifs. Une discussion réfléchie et une communication ouverte sont essentielles. Idéalement, les conflits de valeurs seront évités ou résolus par un dialogue constant avec les patients, les membres de leur famille et les membres de l’équipe soignante.
La rotation de personnel peut éviter les situations propices à la détresse morale ou réduire l’exposition à ce genre de situation. Les organismes de réglementation professionnelle, dont l’ordre des infirmiers et infirmières et l’ordre des médecins, peuvent conseiller leurs membres sur la façon de composer avec les cas où ils estiment que leur intégrité morale ou leur éthique professionnelle sont compromises. Toutefois, il revient à la direction de l’établissement de se doter d’une stratégie pour résoudre les problèmes de détresse morale.